Hey there, little lemon riding hood. [feat Eridan]

ft. ...

「 Hey there little lemon riding hood 」

Awakening semblait un plutôt bel endroit pour refaire sa vie.
Le village ressemblait presque à un camp de scout. Tout y était : la forêt, les cabanes, le potager et même l'ambiance sectaire ! Surtout l'ambiance sectaire. Lemon ne savait pas vraiment ce qu'il allait trouver au bout de son voyage, et ce petit village perdu dans la forêt était une plutôt bonne surprise. Il ressemblait presque à celui dans lequel il avait grandi, avant de migrer vers la banlieue de Cardiff. A la seule différence prêt que les habitants de Nightingal Lake était heureux de vivre une vie privilégiée dans un cadre si paisible. Ceux d'Awakening n'aurait pas semblé plus glauque à un enterrement.

Pourquoi est-ce que tout le monde était aussi bizarre ? Ne devraient-ils pas être plus épanouis, rassurés d'être enfin loin de leurs démons ? Lemon pouvait essayer de comprendre... Tous avaient beau être venus ici pour refaire leurs vies, ils n'en fuyaient pas moins quelque chose. Un temps d'adaptation était sûrement nécessaire. Il pouvait attendre. Et en attendant, il resterait souriant et disponible, attentif à quiconque s'ouvrirait à lui.
Mais cela n'arriva pas. Et au fur à mesure que les jours passaient, le sourire que Lemon s'évertuait à offrir glissait de son visage, jusqu'à disparaître.
Il commença à se laisser lui même aller à la morosité. Ce qui était chose dangereuse … Mais comment faire autrement, alors qu'on a personne à qui parler ? Bon, il était un peu sévère. Il y avait toujours Chat. Même il semblait lui aussi affecté par cette drôle d'ambiance.

Il détourna son regard du village, qu'il observait depuis sa fenêtre, pour regarder le chien gémissant depuis le lit. Le comportement de Chat l'inquiétait plus encore que celui de ses voisins. On aurait dit que quelque chose lui faisait peur. Quelque chose ne tournait pas rond, et Lemon ne savait absolument pas quoi. Awakening était pourtant un si bel endroit ! Chat aurait du s'y sentir comme un roi, quand bien même n'avait-il jamais connu que la ville... C'était d'ailleurs une des premières pensées qu'il avait eu, en voyant toute cette verdure. Mais Chat passait le plus clair de son temps dans la chambre, et grognait lors des promenades que Lemon devait à présent lui imposer.

« Mais qu'est-ce que tu as ... » soupira t-il en se mettant à hauteur de son museau roux, promenant ses doigts dans sa fourrure. « Cardiff te manque? »

Il n'eut qu'un gémissement et un petit coup de langue en réponse, et soupira en appuyant sa tête sur le lit. C'était une belle journée. La lumière dorée rentrait à flot par la fenêtre, et il pouvait voir la cime des arbres de la forêt agitée par une brise agréable. Ils auraient du être dehors, à profiter de tout cela. Mais pour faire quoi ?

Il repensa à Cardif, à sa petite maison trop grande, et son ventre se noua. Il reconnu cette sensation, qui accompagnaient les éclairs de souvenirs, et les pensées qu'il évitait de son mieux d'avoir. Même lorsque les temps étaient durs -surtout lorsque les temps étaient durs, il s'était évertué à se préparer, sortir, rencontrer ses amis, pour ne pas devenir fou. Et maintenant qu'il était dans ce petit paradis perdu, il allait passer son temps enfermé dans sa chambre ? Hors de question. Les autres pouvaient bien tirer la tronche autant qu'ils le voulaient, il n'était pas là pour se morfondre sur son sort.

Évidemment, cette logique avait des failles, mais il aimait à croire que sa seule présence ici était une avancée sur son chemin personnel. Il ignora donc son mal de ventre, ainsi que le sentiment de culpabilité qu'il ressentait à la moindre de ses actions. Il essayait parfois de se convaincre que Sarah aurait voulu qu'il continue à vivre, mais ne pouvait ignorer la voix qui lui rappelait que Sarah était morte, et ne voulait donc plus rien.

« Allez mon beau, debout ! » lança t-il d'une voix forte, comme pour surpasser la voix cruelle dans sa tête. « On va se promener ! Allez, lève toi ! »

Mais Chat ne fit pas le moindre mouvement, ne gémit qu'à peine. Il se devait de retenir un nouveau soupir, et de continuer à sourire. Où avait-il mis la laisse encore ? Chat n'aurait pas du en avoir besoin ici, il ne risquait rien, mais il devait le traîner littéralement pour l'obliger à se dégourdir les pattes. Ah, sur le bureau ! En passant près de la fenêtre, un éclair jaune dans la forêt attrapa son regard. Se pencher dans l'encadrement était inutile, il était bien trop loin pour voir quoi que ce soit … Lemon revint dans la chambre, interdit. Il était sûr d'avoir vu quelque chose, mais ce quelque chose ressemblait à … Il fut soudainement très conscient du regard de verre que Lemon posait sur le lit depuis le lit. La peluche avait elle aussi fait le voyage, il n'avait pas pu se résoudre à l'abandonner, quand bien même il voulait changer de vie.

Il devait sortir. L'isolement et le réclusion n'étaient vraiment pas de bonnes amies. N'écoutant pas les protestations de Chat, il lui passa le collier, et attacha la laisse, avant de le traîner derrière lui. La première vague d'air chaud dénoua légèrement le nœud que formait ses entrailles, même si Chat n'en menait pas large. Cela avait beau lui fendre le cœur, il l'ignora, et se dirigea à grand pas vers la forêt. Il l'évitait habituellement, sans trop savoir pourquoi, mais l'éclair jaune qu'il avait aperçu depuis sa fenêtre l'avait intriguait. Évidemment, il ne trouva rien une fois sur place, et il ne sut pas si cela devait le rassurer ou l'inquiéter.

« Tu te calmes ! » lança t-il à Chat qui tirait sur la laisse, cherchant à le faire revenir sur ses pas, mais aussi à lui même.

Il y avait tant d'explication à ce qu'il avait vu, ou avait cru voir. La chaleur, l'émotion des derniers jours, la drôle et indéniable ambiance qui régnait sur Awakening … La forêt en elle même était étrange. Elle n'était pas bien différente de celle qui bordait Nightingal Lake, mais plus Lemon la regardait, plus un sentiment de malaise grandissait en lui. Peut-être était à cause de la densité des feuilles, qui ne laissait qu'à peine passer la lumière … Il se força à rire, pour tenter d'exorciser sa nervosité. Il avait quoi, six ans ? Cela faisait longtemps qu'il n'avait plus peur du noir.

Au même instant, Chat se mit à grogner, et alors qu'il baissait la tête pour regarder son chien, il revit cet éclair jaune du coin de l'oeil, là-bas, derrière un arbre. Il plissa les yeux pour mieux voir, cette fois persuadé que son imagination ne lui jouait pas des tours. Mais tout était calme, aucun mouvement ou bruit ne lui indiquait que quelqu'un ou quelque chose se tenait à quelques mètres de lui. Le doute se ré-insinua vicieusement, et la petite voix revint dans sa tête, lui murmurant que peut-être, il devenait fou.

« Je ne suis pas fou... » lui répondit-il en quittant la lumière pour s'avancer dans la forêt, quand bien même Chat pleurnichait et tirait plus fort que jamais.

Il eut un instant d'hésitation arrivé devant l'arbre, et du rassembler tout son courage pour jeter un œil derrière. Rien. Le rire qui lui échappa fut plus franc -il n'était peut-être pas fou, mais vraiment ridicule!- et tourna encore lorsque pour la troisième fois, il vit du jaune du jaune traversé le bord de sa vision. Cette fois, il réagit plus rapidement, s'enfonçant un peu plus dans la forêt. A chaque fois et chaque endroit qu'il observait avec attention, il ne voyait rien. Tout se passait toujours au coin de ses yeux, rapide, vif, et se cachait derrière un arbre toujours un peu plus éloigné du village. Comme si ils jouaient à la fois une partie de cache-à-cache et de trap-trap. Et plus le jeu allait, plus Lemon avait la désagréable impression qu'il n'était pas celui qu'il n'était pas celui qui cherche, ou même le chat.
Le village était vraiment loin à présent. Si il s'était un peu plus intéressé à ce qui l'entourait, plutôt qu'à ce qu'il cherchait à trouver, Lemon se serait aperçu que le village avait disparu depuis longtemps, et qu'il se tenait à côté de l'arbre qui indiquait le milieu exact de la forêt. La lumière était vive à cet endroit, presque chaleureuse, mais Lemon semblait prêt à se ré-enfoncer dans les ténèbres à la première manifestation jaune.
Mais seul Chat savait tout cela, et ses grognements ne semblait pas alerter son maître, qui avait totalement perdu la notion du temps, tout à son jeu.

Lemon avait beau avoir été entraîné malgré lui, il n'y jouait pas moins avec assiduité. Il s'appliquait à perdre son regard dans le lointain, pour savoir où il devait aller ensuite, lorsque un bruit dans les buissons, tout prêt, le fit sursauter et aboyer Chat. Et il eut beau s'agenouiller et le câliner pour tenter de le calmer, Chat continuait, les yeux rivés sur quelque chose d'invisible qui semblait le rendre fou. Lemon lui même ne se sentait plus très bien, aillant brusquement reprit pied dans la réalité, comme cette nuit, quelques mois plus tôt, où il avait manqué d'incendier sa maison. Il ne savait pas où il était, ni depuis combien de temps. Il avait beau tiré sur la laisse, Chat semblait à présent résolu à rester, et il ne pouvait pas le laisser, quand bien même les bruits se rapprochaient. Il aurait du partir, il le savait, le sentait, quitte à prendre Chat dans ses bras pour ça. Ou au moins dire quelque chose. Mais sa gorge était très sèche, autant par la soif que par la peur sourde qui lui était tombée dessus brusquement comme la foudre, le clouant au sol, incapable de faire autre chose que fixer les buissons bordant la clairière, et tenir la laisse de Chat à en blanchir ses jointures.

hey there, little lemon riding hood

ft. lemon

Parfois, je me demande si je ne suis pas venue à cet endroit, spécialement, pour la beauté de la forêt. C'est vrai. Le formulaire, rempli quelques mois avant les événements, sur mon téléphone, sur les marches du perron, sans en parler à personne, c'était quelque chose. Essayer de convaincre Nate de venir, c'était autre chose, mais décider d'obéir à ma même qui ne voulait, je cite "plus me voir" et qui avait balancé ça d'un ton définitif, décider de partir seule, sans soutien, c'était idiot. Je ne m'étais même pas renseignée sur l'endroit, j'étais naïve et je n'espérais rien. Un endroit où on a pas besoin d'argent, pas besoin d'amis, pas besoin d'avoir mal, c'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver. Une endroit où on a pas besoin de mentir. Parce qu'au fond, c'était cela qui m'avait tant pourri la vie, durant tout ce temps. Je n'étais pas le genre de personne apte au mensonge, je n'étais pas le genre de personne qui sait vraiment mentir. Pour preuve, je suppose qu'on peut tous se mettre d'accord sur le fait que mes deux parents étaient déjà au courant. Mais mentir chaque jour, je l'avais fait pour lui. Moi, je lui avais demandé seulement un éclat de sincérité, juste un instant de vrai. Et il n'en avait pas eu la force. En vérité, je ne pouvais pas vraiment en vouloir à Nate pour ça. Ni à moi. Ni à personne. Et en l'état actuel des choses, j'étais incapable d'en vouloir à qui que ce soit, ce n'était même plus dans mon champ de capacité. Certains Heartless disaient que si on ne ressentait plus rien, c'était parce que nos cœurs s'étaient recouvert d'une épaisse carapace et que plus rien ne pouvait transparaître. Après tout, ils avaient peut-être raison, la légende courrait que certains Heartless avait ressenti des sentiments en voyant des gens qui étaient liés à leur passé. La légende disait aussi que la plupart de ces personnes étaient mortes. Mais c'est le cycle de la vie, je suppose... Je ne sais pas, pour ma part, si mon cœur était devenu plus fort ou impuissant. Il battait et je ne lui en demandais pas plus. Mais il fallait avouer que lorsque je me baladais dans cette épaisse forêt, lorsque mes pieds écrasaient les aiguilles des grands pins, je ressentais un écho à ce qui semblait être du bonheur. J'étais libre, ici. Personne pour me regarder, m'encadrer, me juger. La seule créature capable de cela - et qui ne s'en privait définitivement pas - c'était mon démon. Et honnêtement, elle en restait plus facile à vivre que le mensonge auquel j'avais été habituée. Alors j'écrasais plus d'épines sous la semelle de mes chaussures et tapait un sprint entre les arbres, entre les chemins improvisés, sinueux, dangereux, et lorsque j'avais envie d'hurler, je pouvais le faire. J'étais libre. Et on dirait une pub discount pour un centre de vacances, Eridan. ... Merci de tout gâcher, toi. Tu fais aussi des activités aquatiques ? Y a un poney club ? C'est bon. J'avais compris la première fois. Je ralentis le pas, soupire en lui jetant un regard alors qu'elle marche à côté de moi, un large sourire moqueur aux lèvres. J'ai l'habitude, elle est toujours ainsi, mais parfois il faut bien avouer que c'est fatiguant. Petite nature. Elle ricane avant de se figer, ses yeux se fixant sur un point dans la forêt, je reste silencieuse, je sais ce qu'elle fixe, même si d'ici elle ne voit rien, je ne vois rien non plus mais je sais ce qui est la cible de ce regard figé. Il y a quelqu'un. Il y a quelqu'un qui ressent, dans la forêt. Et ce n'est pas normal, en réalité. Il ne devrait pas y avoir quelqu'un, ici. Je devrais être seule. Les Blinded ne sont pas censés se trouver ici. Ils ne sont pas censés s'éloigner du village. Quelqu'un te prémâche le travail, et t'arrives encore à te plaindre ? T'es impossible Eri. Attire-le là-bas, au campement. Non, non. Je veux savoir pourquoi il est ici. Je veux savoir qui il est. Non, tu veux que les autres le mange. Écoute comme il a peur, si c'est un gamin, tu l'assommes et tu l'emmènes là-bas. Remarque, même un gamin est capable de te dominer en combat rapproché. Fais gaffe, t'es pas immortelle.

Je ferais attention, je me promets en approchant encore un peu, chassant une branche épineuse, et m’égratignant la main. Je crois que t'as pas compris. Elle soupire, elle est assez futée pour contourner le buisson, elle. Elle est assez futée quand bien même elle ne pourrait pas saigner, elle préfère que ce soit moi qui me vide de mon sang. Seulement, elle ne veut pas que je meurs, elle n'existerait plus, elle n'aurait plus personne à embêter. Et puis, je relève les yeux pour observer l'inconnu, affichant une mine un peu surprise, ou du moins j'essaye mais mimer des expression c'est assez peu mon domaine. Il a un chien, Eri, fais gaffe. Ça mord ces trucs là. Je me souviens de lorsque j'étais gamine et que la famille voisine avait adopté un gros berger allemand, ce chien était absolument adorable, mais un jour il avait mordu l'une des petites filles du voisinage, et les parents avaient dû le faire piquer. C'était Nate qui m'avait expliqué ce qui était réellement arrivé au chien, nos parents à nous avait dit qu'ils l'avaient envoyé à la ferme. Mais Nate n'était pas aussi naïf, contrairement à moi. Avant cela, j'avais voulu un chien, moi aussi. Mais finalement je m'étais contenté des écureuils qui traînaient dans les arbres du jardin. Je les observais durant les après-midi où j'étais seule. Ces petits reflets roux qui attiraient mon regard, qui sautaient agilement de branche en branche. Je n'ai jamais pu en approcher un seul, mais j'aimais bien les observer de loin. Au fond, c'est un peu ce que tu as fait toute ta vie. Observer les autres de loin. Et c'est encore ce que tu fais maintenant, hein. Foutue habitude ! Peut-être, oui. Je devrais approcher, tu crois ? Je devrais lui parler ? Nah, faire l'asperge, c'est mieux. Tu prends racine ici. T'as l'air suspecte à traîner dans la forêt, et maintenant tu saignes. Hm. Ah oui. Je jette un regard à ma main avant de grimacer légèrement avant de relever les yeux vers lui, à nouveau. Il avait tellement peur, mais... Est-ce que c'était son démon ? Ou peut-être m'a-t-il seulement entendue approcher ? Hm. Il faut que je tire ça au clair, à présent. « Tu ne devrais pas être ici. » Je murmure, d'un ton un peu traînant, jetant un regard vers Rosalind qui roule des yeux, je suppose que je ne suis pas très convaincante, et elle aurait raison de le penser. Et puis, je pourrais aussi lui dire qu'il a un joli chien, non ? Après tout, c'est vrai. Mais... Rosalind écrase la paume de sa main contre son front en soupirant profondément, agacée. « La forêt est dangereuse quand on ne la connait pas. » Et il ne la connait pas. C'est comme si c'était inscrit sur son front. Je le détaille, encore un instant, avant de laisser courir mon regard sur sa peau, sur ses doigts qui serrent la laisse comme si c'était le fil qui le retenait à la vie. Est-ce que je l'effraie ? Ça devrait peut-être me mettre mal à l'aise ou m'inquiéter, voire même me vexer mais ça ne me fait rien. Je suppose qu'il a raison. J'aimerai tout de même un peu le rassurer, mais je suppose que ce n'est pas le moment de faire voleter des papillons de lumière dans son visage, ça ne semble pas vraiment approprié. Alors j'approche d'encore un pas avant de naïvement venir glisser ma main intact sur le sommet du crâne du petit chien roux pour lui offrir une caresse, lentement, m’accroupissant face à lui. Tu vas te faire mordre, Eri. C'est pas grave, au moins j'aurais pu toucher son pelage doux, je n'aurais pas perdu ma journée.

ft. ...

「 Hey there little lemon riding hood 」

C'était juste une fille.
Evidemment, à quoi tu t'attendais crétin ?se rabroua t-il. Mais il savait à quoi il s'attendait vraiment. Et cela le faisait se sentir aussi bête qu'effrayé.

Il aurait dû être rassuré. Il ne l'était pas.

Elle n'avait pas l'air dangereuse. Tout au plus bizarre, à la mode sectaire qui faisait des ravages parmi les villageois. En d'autres circonstances, il l'aurait jugé jolie, peut-être aurait-il même pu faire le paon. Mais son cœur battait à en briser ses os, et il ne pouvait que faire le lapin pris dans les phares d'une voiture.

Chat gronda sourdement lorsqu'elle s'approcha, et si il n'avait pas eu ses yeux rivés sur elle, il aurait vu que le shiba lui ne la regardait pas, mais quelque chose au dessus de son épaule. Un instant, il cru que Chat allait la mordre, bien qu'il n'avait jamais mordu qui que ce soit. Chat était une patte. Il ne s'était jamais inquiété un seul instant de le laisser jouer avec-- avec les enfants de son quartier. Mais depuis qu'ils étaient arrivés à Awakening, Chat n'était plus le même. Si il avait mordu cette fille, il n'en aurait pas été étonné un instant.

Mais il ne le fit pas. Cette fille avait du courage, pour laisser ses doigts courir dans son épaisse fourrure rousse : Chat avait beau se laisser faire, il continuait de grogner en regardant le vide.
Était-ce parce que la lumière tombait curieusement sur cette fille ? Ou parce qu'il réalisa enfin à quel point son comportement était ridicule ? Quelle qu'en était la raison, Lemon retrouva enfin sa voix, et un peu de liberté de mouvement. Et son premier geste fut de s'accroupir à son tour prêt du chien. « Désolé … Il n'est pas comme ça d'habitude. » Il y-eut un instant de flottement, durant lequel Lemon envisagea sincèrement de se gifler -malgré ses main encore un peu tremblantes-. Bien joué, mec ! Pour la première fois depuis des jours, quelqu'un t'adresse enfin la parole pour plus de deux secondes, et tu l'insultes presque ! Même si, il ne fallait pas se mentir, ce qu'il avait entendu n'était pas pour le rassurer. Mais il força tout de même un petit rire, histoire de dissiper la tension, avant de reprendre. « Ne le prend pas personnellement, ce n'est pas toi … Il est comme ça depuis qu'on est arrivé. Ça doit être le voyage, le changement, tout ça … »

Lorsqu'il était inquiet, caresser Chat ne manquait jamais de le rassurer. Pour cette raison, et pour se donner une contenance, il tourna son attention vers lui, histoire de gagner un peu de temps. Sur, il était ravi que quelqu'un lui parle enfin, même si ce quelqu'un était une fille plutôt flippante au milieu de la forêt. Ah, il devait vraiment arrêter avec ce cynisme, et accepter que tous les villageois d'Awakening était bizarres, et qu'il ne pouvait rien y changer.

« Lui, c'est Chat. » déclara t-il finalement, pour rompre le silence. Il leva la petite patte rousse, qu'il tendit joueusement vers elle, avant d'avancer sa main libre. « Moi, c'est Lemon ! Et toi ... Toi, tu saignes. »

Il ne l'avait pas remarqué avant, trop occupé à prétendre que cette rencontre arrivait dans un parc, et que tout était des plus normal. Il reprit sa main pour fouiller ses poches, et en ressortir un paquet de mouchoir, impression Hello Kitty, parfumé au citron. Même deux ans après l'accident, il n'était pas parvenu à se défaire de son habitude de toujours avoir des mouchoirs sur lui, ni même d'en acheter des plus sobres. Cela faisait toujours sourire les gens qui en ignoraient la raison, mais cette fille, elle, semblait avoir définitivement laissé son sourire à l'entrée du village.

« Prend le. Quand ça s'arrêtera, tu auras droit à un b-- à un pansement assorti. » tenta t-il néanmoins de plaisanter, bien qu'il était parfaitement sérieux. Il manqua à nouveau de se frapper. Avait-il vraiment manqué de dire un bisou magique ?

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ft. lemon

Il resta muet, interdit un long moment, de tout évidence troublé par me présence. Bon, je comprends qu'on soit perturbé de voir une nana sortir de nul part au beau milieu de la forêt, mais ça aurait pu être pire, il avait de la chance d'être tombée sur moi, lui. Enfin, je ne m'étais pas vraiment sur la question, offrant des grattouilles à son chien qui paraissait assez adorable. Il ne m'avait pas mordue, quand bien même il était vraiment dérangé par quelque chose. Peut-être par la présence de Rosalind. Les chiens sont intelligents, s'il la voyait, elle devait le déranger. Merci, ça fait toujours plaisir. T'as qu'à dire que j'ai une sale gueule, histoire qu'on prenne toutes les deux. Là n'était pas mon intention. Mais bon, voir quelqu'un en double, c'est toujours un peu étrange, je suppose que ça l'est aussi pour les chiens. « Désolé … Il n'est pas comme ça d'habitude. » Avait murmuré le jeune homme, un peu sceptique quand au comportement de son chien. Mais je ne répondis pas, ça aurait pu être mille fois pire, si on y réfléchissait. T'as de la chance qu'il ait pas capté que tu fais pas partie de leur groupe, Eri. C'est vrai, il aurait très bien pu me demander ce que je fichais ici, moi je n'avais pas de chien à promener, bien que ça aurait pu être une excuse parfaite pour les balades en forêt. Et peut-être que lui, c'était un psychopathe ? Qu'il prenait l'excuse du chien, trouvait des gens dans la forêt et les découpaient façon hachis-parmentier ? Ne vous méprenez pas sur moi, je ne suis pas paranoïaque, mais j'ai vu déjà tellement de gens étranges à Awakening que plus rien ne me surprend. Même si... Enfin. Vous avez compris. « Ne le prend pas personnellement, ce n'est pas toi … Il est comme ça depuis qu'on est arrivé. Ça doit être le voyage, le changement, tout ça … » Il avait reprit, déjà un peu plus assuré par rapport à ce qu'il avait dit précédent, d'un ton traînant, un peu ailleurs. Là, il savait ce qu'il disait, et il cherchait à me rassurer. Je lui en était redevable, mais je n'avais pas peur. Et je comprenais. Le voyage changeait tout le monde. Si son maître avait eu des raisons de partir, ce n'était pas le cas du chien qui devait vivre certainement une existence paisible jusqu'à lors. Enfin. Je supposais. « Lui, c'est Chat. ... Moi, c'est Lemon ! Et toi ... Toi, tu saignes. », finit-il par reprendre, un peu plus dynamiquement. Un chien qui s'appelait Chat, j'arquais lentement un sourcil en fixant l'animal avant de retirer ma main, de peur de tâcher son pelage après la dernière remarque de son maître. Au moins, c'était un original. Entre le chien qui s'appelait chat et lui qui se faisait appeler Lemon... J'espérais bel et bien que ce soit un surnom, car déjà que dans son enfance j'avais reproché à mes parents de ne pas m'aimer parce qu'ils m'avaient fait naître sous le nom de Rosalind, imaginez vous s'ils avaient décidé de me donner un nom de fruit, ou de légume ? Non. Sérieusement. « Lemon ... », je répétais, juste pour être sûre que j'avais bien entendu, en me redressant légèrement, suivant chacun de ses gestes du regard, penchant lentement la tête sur le côté.

« Prend le. Quand ça s'arrêtera, tu auras droit à un b-- à un pansement assorti. » Tu devrais partir Eri. Il est chelou ce type. Tais toi, Rosa. Il a l'air gentil, il est pas vraiment comme tous les flippés du coin. Il est posé, plutôt sûr de lui. C'est bête mais je n'ai pas trop l'impression d'être un monstre et quelque part, ça fait du bien. J'observe quelques instants le mouchoir qu'il tend vers moi avant de l'attraper et de le plaquer contre la plaie pour faire cesser les quelques gouttes de sang contre la paume de ma main. La pseudo-blessure n'a rien de grave, on ne verra probablement rien demain. D'ailleurs, je ne crois pas que les Heartless puissent véritablement s'infecter, alors je n'ai pas grand chose à craindre, je suppose. Et puis, il avait ce ton, qui amène à la plaisanterie, qui m'arracha un faible sourire, alors que je baissait les yeux vers le sol tapissé de débris de feuilles et d'épines de pins. J'avais déjà refusé la patte du chien, puis la main du jeune homme, qu'est-ce que je pouvais faire pour avoir l'air un peu plus asociale, à présent ? « Merci, Lemon. », je réponds calmement en relevant finalement les yeux vers lui. On m'a dit d'arrêter de fixer les gens comme ça, avec cet air de déterré et ce regard trop vif, trop intense qui colle si peu à mon expression. On dit que j'ai l'air de sonder les gens, et ce n'est pas vrai, à proprement parlé, je ne suis pas télépathe. Je ne peux pas deviner avec exactitude ce qui se trame dans la tête des autres. Et la vérité c'est que je suis même très mauvaise pour comprendre les autres. Comme quoi, l'observation n'est rien, sans la déduction. Seulement, je vais pour chasser une mèche de cheveux châtain qui chatouille un peu trop ma joue quand je fronce légèrement les sourcils, inhalant un peu du parfum du mouchoir imprimé de l'inconnu. Du... Citron. Attends. Le mec se fait appeler Lemon, il te donne un truc au citron ? Casse toi ! Il est malade. Cette fois, vraiment, l'accumulation me fait sourire, un vrai sourire, de ceux qui ne sortent plus vraiment. Pas un sourire poli, poussé par des conventions auxquelles j'ai été habituée, non, un sourire véritable, ceux qu'on garde pour soi.

« Je suis... Eridan. » Je réponds, un peu tard, trop tard, sans doute, mais mieux vaut tard que jamais, il parait. Puis je presse à nouveau le mouchoir qui se tâche à nouveau de vermeille, Rosalind insiste, elle veut que je parte, mais ne voulait-elle pas que je ramène ce jeune homme au campement ? Je pourrais lui dire de me suivre, je pourrais lui dire de venir, mais... Déjà, il ne me suivrait pas. Et en plus, je ne saurais pas quoi faire une fois qu'il sera là-bas. Alors non. Et puis, je fronçai les sourcils, en captant qu'il avait parlé de... Bisou magique ? C'est ce qu'il voulait dire ? Mais. Non ? Enfin. On ne m'avait pas fait de bisou magique depuis des années, depuis que je m'étais égratignée le genoux, vers mes douze ans et que Nate avait accouru comme un prince Charmant. Il s'était davantage fait mal que moi quand il s'était ramassé sur l'asphalte. Mais bon. « En venant à Awakening, ce que tu as mis en premier dans ta valise, c'est une boîte de pansements Hello Kitty ? » J'esquissais un léger sourire, un peu plus terne. T'es creepy comme ça, Eri.

ft. ...

「 Hey there little lemon riding hood 」

La fille souriait.
Elle souriait et elle parlait.

Miracle ! Les villageois d'Awakening n'étaient donc pas tous des zombies ! Ou alors, il avait sous-estimé son humour. La fille -Eridan- était toujours flippante, quelque part, mais Lemon vivait sa première interaction sociale normale en plusieurs semaines, et rien ne pouvait gâcher son bonheur. Et cela allait jusqu'à en oublier la forêt et l'éclair jaune qu'il poursuivait.
Elle était même capable de faire des blagues. Sans exagération, il n'était plus qu'à ça de la demander en mariage. En plus, il était déjà à genoux. Le destin avait voulu ça, c'était sur et certain.

Mais trêve de rêverie, il devait réagir, et cesser de la regarder avec toute la reconnaissance et l'émerveillement du monde. Ne pas bégayer, avoir l'air normal. Il savait faire tout ça. Après tout, il avait deux ans de pratique derrière lui. Ah … Il ne pouvait décidément pas échapper longtemps à la réalité, visiblement. D'une manière ou d'une autre, Abel revenait le hanter. Il s'empressa de sourire à Eridan, histoire de dissuader tous les autres fantômes de revenir maintenant. Ce moment, dans la forêt, était un cadeau du destin, et il comptait bien en profiter.
Même Chat semblait se détendre un peu ! Même si il le sentait toujours tendu contre lui, le chien avait cessé de grogner.

« Quoi ? Bien sur que non. Ceux Bob l’Éponge sont venus en premier, ensuite les Hello Kitty. » Ce n'était sûrement pas sa meilleure blague, mais elle avait le mérite de la faire sourire. « Mais ils sont restés dans ma valise, j'espère que tu n'es pas trop déçue. »

Par réflexe, il regarda un peu sa griffure. Elle n'était pas bien grave, mais il eut une pensée pour le sac qu'il n'avait pas pris, ou se trouvait une petite bouteille de désinfectant. Il n'avait jamais pu se résoudre à l'enlever. Si cette fille ne le trouvait pas déjà bizarre, qu'aurait-elle pensé en le voyant sortir son kit de premier secours, une trousse en plastique transparent où dansaient des fleurs dans un liquide jaune à paillettes ?

« Les dangers de la forêt, uh ? Tu devrais tout de même désinfecter ça, quand on sera rentré au village. Je te passerai même un autre pansement tout neuf une fois que ça sera fait ! »

Un coup de brise secoua les arbres un peu plus fort, lui faisant relever la tête. Ils étaient vraiment immenses, surtout ce chêne, en plein milieu de la clairière. Elle était vraiment magnifique -il pouvait à présent le constater, maintenant que son cœur ne menaçait plus de s'arracher de sa poitrine-, et l'invitait presque à venir s'allonger. Mais il ne pouvait se défaire de la sensation qu'il n'aurait pas du être ici. Ces mots firent échos dans sa tête. Eridan ne lui avait-elle pas dit la même chose, en arrivant ? Il n'était plus très sur.

Le village … Il avait du bien s'en éloigner, sans s'en rendre compte. En arrivant ici, avant que cette fille ne surgisse des buissons, il avait pensé à faire simplement demi tour pour rentrer. Maintenant, il était certain que cela n'aurait fait que l'en éloigner d'avantage. L'éclair jaune l'avait emmené à droite à gauche, le faisant tourner sur lui même, reculer, avancer.
Aussi curieuse était-elle aux premiers abords, Eridan était une bénédiction. Tomber sur elle dans une forêt aussi grande, où il n'avait croisé personne d'autre avant !

Tout à son soulagement, il ne pensa pas que cela était bizarre. Peut-être un instant, mais il avait l'habitude de se rabrouer à chaque pensées cyniques qu'il pouvait avoir, il la repoussa avant même de l'analyser.

« Donc ... » reprit-il, en lui tendant son bien sur un sourire. « J'en déduis que toi, tu connais l'endroit. Si tu as terminé ta balade, on pourrait peut-être rentrer ensemble. Je pense que sinon, je suis bon pour dormir ici.»

hey there, little lemon riding hood

ft. lemon

Oh non ... Eri, t'as foutu quoi ? Il est persuadé que tu viens du village, lui ! Effectivement, il fait une plaisanterie et part là-dessus. Le village. Théoriquement, je viens autant du village que lui, mais je n'y vis simplement plus. Je ne peux plus me le permettre, c'est devenu beaucoup trop indigeste, en réalité. C'est étrange, de se dire ça, que vivre à un endroit puisse autant nous pourrir la vie, malheureusement j'ai bien peur que ce soit la stricte vérité. Si les émotions négatives me mettent à mal, un trop plein d'émotions tout court me refile la nausée et des vertiges vraiment peu agréables. Seulement... Je me vois mal lui dire que je vis dans la forêt, là, maintenant, alors qu'il sourit, et qu'il a l'air si heureux d'avoir trouvé quelqu'un capable de le raccompagner. Rosa, ne dis rien, je sais ce que tu vas proposer et non, je ne peux pas le ramener au campement. Et si Chat - le chien, décidément - se mettait à mordre tout le monde sur son passage ? Si l'inconnu, si frêle semble-t-il, faisait des dégâts, là-bas avec son fidèle ami à quatre pattes ? Non. Ils sont comme ma famille, c'est un risque que je ne peux pas prendre. D'autant plus qu'il est... Gentil. C'est idiot, en vérité, de se dire ça comme ça. Au fond, j'ai vu tellement de gens qui paraissaient sympa tourner au « complètement secoués » que je ne mettrais pas ma main à couper qu'il reste ainsi seulement ... Il a quelque chose, au fond des yeux, qui me force à penser qu'il est suffisamment solide pour ne pas céder à la violence. Et j'ai envie de le raccompagner. Il est venu seul dans la forêt, c'est presque un miracle qu'il soit encore entier, en vérité, non ? Il n'aurait pas dû être ici. Il n'aurait pas dû s'attarder, non plus ? Machinalement, je jetais un regard autour de nous, tombant évidemment sur Rosalind qui me jugeait profondément de par mon inaction, mais ça m'était égal. Enfin, si quelqu'un avait pu me mettre mal à l'aise, à l'heure actuelle, c'était surtout bien elle. Seulement voilà, je restais de marbre et fini par avancer légèrement entre les arbres, jetant un dernier regard à l'immense chêne dont les racines se retrouvaient, ça et là, à des mètres même du tronc. « Je peux te reconduire au village, oui. » Je lançais, assez bas, espérant que personne ne nous surveille ou ne nous entende. Encore une fois, je ne suis pas paranoïaque, mais j'ai tellement l'habitude de pouvoir capter les gens, que mon incapacité à capter les Heartless me joue parfois des tours. Surtout dans ce coin de la forêt, où on peut tomber sur Kami pendant ses crises de folie et, entre nous, je ne tiens pas à ce que cela arrive. Vraiment. Pas.

« En revanche, je suis forcée de refuser l'invitation, pour le pansement. » J'affichais une moue faussement gênée en lui lançant un regard, nous guidant tous les trois - quatre si on prend en compte Rosa - entre les immenses arbres, en direction du village. Il avait si calme, tout à coup, si serein, c'était agréable. La vérité c'est que j'aurais pu passer des heures, comme ça, avec lui, tant qu'il était si calme. Il savait sourire, il savait plaisanter et sincèrement, ça manquait à beaucoup de gens ici, moi la première. D'un autre côté, je n'avais jamais été très douée pour faire de l'humour, la plupart de mes blagues tombant facilement à l'eau, mais au moins, à l'époque je riais aux éclats pour quasiment tout. Et maintenant... C'est peut-être bizarre d'en venir à penser ça, mais le son de mon propre rire me manquait. « Je n'habite... Pas au village. » Je précisai, après une légère hésitation, il fallait bien avouer. Qu'allait-il bien pouvoir penser ? Il n'y avait pas d'autres villages au alentour, j'espérais qu'il ne me prenne pas pour un spectre - même si au final mon état n'en était pas bien loin - ou une apparition. J'espérais que son esprit qui se devait d'être un peu rationnel prenne des raccourcis et que je n'ai pas à me justifier davantage. A nouveau, je lui jetais un bref regard avant d'esquisser un faible sourire désolé. Je crois que j'étais sincèrement désolée, et d'autant plus des mots que je m’apprêtais à dire. « Tu ne devrais pas revenir ici, Lemon... Je veux dire, c'est dangereux. » Comment lui dire que chaque pas dans la forêt le rapprochait inévitablement de sa fin ou, pire, de finir comme moi ? Sincèrement. Il ne méritait pas ça. Personne ne méritait ça. Alors non, je pouvais bien faire une exception. Chercher à le convaincre de faire passer sa propre sécurité en premier ? Le problème, Eri, c'est que des exceptions, tu fais que ça, justement...

ft. ...

「 Hey there little lemon riding hood 」

Se balader en forêt, comme ça, avec quelqu'un …
C'était tellement nostalgique et apaisant. Cela lui rappelait des temps anciens, sans passer par la case accident, où il errait dans la forêt de Nightingale Lake avec ses amis, à la recherche de fruits sauvages ou juste pour jouer. Ah, cela ressemblait au scénario d'un épisode de la petite maison de la prairie. Tant de candeur et de naïveté. Tout à ses souvenirs, et à la joie de se sentir plus normal qu'il ne l'avait été depuis des mois, il oublia la véritable raison de sa présence ici.

Mais bientôt, Eridan le ramena à la réalité. Il aurait pu balayer l'étrangeté de ses mots, s'accrocher à cette sensation de bonheur fugace qui lui avait tant manqué. Quelque chose dans sa voix l'en empêcha. Les mots d'Eridan n'était pas bizarre, dans le sens « bizarrerie douce » qui flottait autour de l'elle, mais plus « quelque chose ne va pas, et tu ne peux pas l'ignorer. »

A nouveau, la forêt lui paru plus sombre, oppressante.
Elle aurait du être plus lumineuse. L'obscurité l'avait lentement entourée, lorsqu'il s'était enfoncé en son cœur. Si ils allaient vers le village, la lumière devait revenir. Aurait déjà du être là.
Le doute lui tomba brusquement dessus, comme un seau d'eau glacé renversé sur sa tête. Non, non, non. Il n'y avait pas à s'inquiéter. Rien à craindre des arbres immenses, et de leurs ombres plus noires que la nuit, car rien ne se cache dedans, les montres n'existent pas.

Ne t'éloigne pas du chemin. Ne fais pas confiance aux étrangers. Les loups peuvent ressembler à n'importe qui.
Il jeta un regard vif à Eridan. Elle ne venait pas du village. D'où venait-elle ? Où l'emmenait-elle ?

Sa main se crispa autour de la laisse de Chat. Il résonnait comme un enfant. Était-ce ce qu'on appelait du stress post-traumatique ? Probablement. Sûrement. Il en était certain.
Eridan était juste une fille un peu bizarre, et lui un mec un peu trop stressé. Ils rentraient au village, et les dangers dont elle parlait était sûrement les animaux sauvages, ou les mauvaises herbes. Il aurait aimé lui répondre qu'il savait gérer tout ça, qu'il avait grandi à la campagne, plaisanter en lui demandant si il y avait des loups ? Mais la blague tomba à plat avant même qu'il ne la dise.
L'angoisse remontait en lui, et il se demanda si c'était ce qu'avait ressenti le petit chaperon rouge, au moment où le bonnet de sa grand-mère avait glissé, révélant le loup en dessous ?
Son œil attrapa un éclair doré. Mais lorsqu'il tourna la tête, il ne vit qu'un buisson éclairé par un rayon de soleil, miraculeusement rescapé de l'épais feuillage. Cela aurait pu être la preuve qu'il était seulement un peu perturbé, qu'il devait passer à côté de tout ça, effacer cette situation embarrassante en riant. Mais ce qui sorti de sa bouche ne fut pas un rire par un rire assuré, niant la peur et la réalité, mais un filet de voix, doux et incontrôlable. Une voix d'enfant qui s’inquiète des monstres sous son lit.

- Est-ce qu'il t'arrive de voir des choses bizarres dans cette forêt? Des choses qui ne devraient pas être là ?

Et dans le silence qui suivi sa question, il comprit ce qui le mettait mal à l'aise dans cette forêt. Ce n'était pas que les arbres trop grands, ou l'obscurité.
C'était le silence.
Son cœur avait beau jouer dans sa poitrine le mauvais rôle d'un pivert... Il n'entendait pas un seul oiseau chanter.

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